Inconvénients du numérique dans la santé : solutions pour les éviter

Une avalanche de chiffres, des écrans partout, des données qui s’accumulent sans répit : l’univers médical se numérise à marche forcée. Plus de 60 % des professionnels de santé, selon une enquête de 2023, voient dans cette déferlante d’informations un frein à la qualité des soins. L’ère du numérique promet l’efficacité, mais la réalité, elle, s’avère bien plus nuancée.

Au fil des consultations, des plateformes de télémédecine automatisent la relation, parfois au prix d’erreurs de diagnostic. Les algorithmes, aussi sophistiqués soient-ils, peinent à saisir la complexité de chaque patient. L’automatisation, censée alléger les tâches administratives, tend à détacher les soignants de leurs patients. Ce progrès, vanté à grand renfort d’arguments, ne fait pas toujours bon ménage avec l’humanité du soin.

Le numérique en santé : entre progrès et nouveaux défis

L’empreinte du numérique dans la santé s’impose sans relâche. Capteurs, dossiers médicaux informatisés et applis connectées révolutionnent les pratiques dans les cabinets et débordent dans les foyers. En France, 86 % des ménages disposent d’une connexion Internet et 96 % possèdent un téléphone mobile. La promesse affichée : renforcer la coordination, optimiser les parcours de soin, fluidifier l’accès aux informations. Les chiffres abondent : neuf personnes sur dix ont déjà eu recours à un service de santé numérique ; près des trois quarts observent d’ailleurs une meilleure démarche collective et partenariat entre soignants.

Derrière ce décor high-tech, la méfiance s’installe. Manipuler des données de santé si sensibles éveille l’inquiétude : l’écrasante majorité redoute la récupération, le vol ou la fuite, et l’exploitation commerciale n’est jamais loin des préoccupations. On peut bien multiplier les messages rassurants sur la protection des données, moins d’une personne sur deux ose réellement activer les nouveaux services proposés. La confiance ne se décrète pas, elle se construit.

À mesure que la digitalisation progresse, la planète encaisse le coup : l’empreinte carbone du numérique atteint jusqu’à 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. En France, les déchets électroniques pèsent lourd, vingt millions de tonnes chaque année. Les conseils des experts sont sans ambiguïté : passer en wifi plutôt qu’en 4G et réduire le stockage massif de données allègent (un peu) la facture écologique.

Ces données permettent de prendre la mesure de cette mutation :

  • 82 % des Français ont déjà entendu parler du service numérique de santé
  • 93 % estiment normal d’accéder directement à leurs documents médicaux
  • Les centres de données concentrent plus de 20 % de l’impact écologique du secteur

La santé digitale s’accélère, mais elle doit sans cesse arbitrer entre innovation technique, sécurité des données et sobriété environnementale. L’équilibre reste précaire.

Quels risques pour la santé mentale et physique des patients ?

Screens omniprésents, vie numérisée : le corps et l’esprit paient l’addition. Troubles musculo-squelettiques, douleurs du dos, tension dans la nuque, raideur des articulations, personne n’est vraiment à l’abri. La multiplication des consultations à distance contribue à la sédentarité, avec son lot de conséquences : surpoids, diabète, maladies cardiovasculaires. Une réalité qui s’installe en filigrane et que l’on oublie trop souvent dans l’enthousiasme technologique.

Au malaise physique s’ajoutent des troubles plus discrets : fatigue visuelle, difficultés à rester concentré, surcharge d’informations et effets de la lumière bleue malmenant le sommeil. Le cerveau, déjà poussé dans ses retranchements, flanche davantage chez les plus jeunes, exposés aux écrans du matin au soir. Les insomnies s’invitent ; le sommeil morcelé devient presque la norme. À mesure que l’usage grandit, l’anxiété et la dépression progressent, notamment pour la jeune génération.

L’accoutumance numérique n’a pas d’âge. Jeux, applis santé ou réseaux sociaux créent des habitudes qui virent parfois à la dépendance. Ce cercle encourage l’isolement, réduit la fréquence des échanges en face à face, érode le lien social. La pression des notifications et la comparaison permanente fragilisent particulièrement les adolescents, qui voient leur confiance vaciller.

Pour naviguer à travers ces dérives, mieux vaut connaître les principaux risques :

  • Sédentarité accrue et vulnérabilité pour cœur et circulation sanguine
  • Fatigue oculaire, troubles du sommeil récurrents
  • Détresse psychique possible : anxiété, déprime, usage excessif

Repérer et anticiper ces signaux suppose une vigilance partagée, tant du côté des soignants que des familles.

Des exemples concrets d’effets indésirables à connaître

Souvent, les symptômes du numérique se révèlent en sourdine. Dès deux ans, une exposition prolongée favorise le surpoids. Les études sont claires : à cinq ans, les enfants habitués aux écrans présentent un indice de masse corporelle supérieur à leurs pairs plus éloignés des tablettes. Le professeur François Carré va plus loin : la capacité cardiovasculaire des enfants a chuté d’un quart en quarante ans. L’écran remplace le terrain de jeu.

Une autre conséquence observée est l’appauvrissement du langage oral : moins de dialogue, moins d’interactions en tête-à-tête. Cela se ressent dès l’enfance et accentue les difficultés de concentration et le repli sur soi. Les sollicitations incessantes nuisent à l’attention, avec un impact durable sur la scolarité.

L’adolescence, quant à elle, reste exposée à un autre fléau : le cyberharcèlement et la confrontation à des contenus inadaptés. Même si la majorité numérique ne s’acquiert qu’à 15 ans, la pression psychologique s’infiltre bien avant. Des dispositifs d’assistance existent pour accompagner, mais le phénomène s’étend plus vite qu’il ne se résorbe.

L’isolement, l’usage excessif, le mal-être touchent de plein fouet une jeunesse connectée, parfois démunie face à la violence ou aux escroqueries en ligne. Les chiffres grimpent, les alertes s’accumulent : entre innovations et fractures sociales, la vigilance ne doit jamais se relâcher.

Femme consulte ses dossiers de santé dans sa cuisine

Adopter de bonnes pratiques pour un usage numérique plus sain

Devant ces risques, des habitudes simples permettent de rééquilibrer la relation aux écrans. Plusieurs professionnels recommandent des repères faciles à instaurer au quotidien pour les enfants mais aussi pour les adultes. La règle du 3-6-9-12 proposée par Serge Tisseron donne des paliers clairs : pas d’écran avant trois ans, pas de console avant six ans, Internet avec accompagnement dès neuf ans, autonomie responsable à douze ans. Sabine Duflo, psychologue, propose une autre voie : éviter les écrans dès le matin, pendant les repas, juste avant de dormir et dans la chambre à coucher.

Pour contrer la sédentarité, rien ne remplace l’activité physique. Il est recommandé aux enfants de pratiquer au moins une heure de mouvement chaque jour. Réorganiser les emplois du temps, donner la priorité aux activités collectives et sportives, inciter au jeu plutôt qu’à l’écran : ces gestes basiques changent l’équilibre familial et scolaire.

Adopter une bonne posture face à l’ordinateur prévient nombre de douleurs. Installer l’écran à hauteur des yeux, appuyer les avant-bras sur le bureau, prévoir des pauses toutes les vingt minutes : ces adaptations sont incontournables, surtout en télétravail ou lors d’une utilisation prolongée. Le but : éviter que la technologie ne gouverne chaque geste ou chaque minute.

La communication reste la clé. Aborder librement les usages du numérique et sensibiliser aux bonnes pratiques sans jugement permet à chacun, adulte comme enfant, de prendre du recul et de garder la maîtrise sur ses outils.

Le numérique a conquis la santé, mais le cap n’est pas écrit d’avance. Chaque choix individuel redessine la route : faire du numérique un allié ou le laisser nous façonner à son image, c’est, chaque jour, une question à trancher.

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